En 2003, le nombre de saisines de la police des polices a augmenté de 9,1 %. Preuve -chiffrée - d’une radicalisation policière.
C’est l’une des - rares - statistiques que Nicolas Sarkozy n’a pas inversées depuis son arrivée Place Beauvau. En 2003, le nombre de saisines de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la " police des polices ", qui traite notamment les affaires de violence mettant en cause les forces de l’ordre, ont augmenté de 9,1 % par rapport à 2002. Ce chiffre, qui ne cesse de grimper depuis six ans, regroupe celui de l’inspection générale des services (IGS), compétente à Paris et dans sa proche banlieue, et celui de l’IGPN pour le reste de la France. En 2003, ces deux services ont eu à traiter 611 faits, soit 51 de plus qu’en 2002. Dix de ces affaires ont trait à des blessures mortelles, contre sept l’année précédente.
Lors de la présentation, mi-janvier, de son bilan 2003, Nicolas Sarkozy s’était flatté de ne pas avoir dénombré la moindre bavure " depuis dix-neuf mois ". Et avait assuré que les bons chiffres de la délinquance ne s’étaient pas faits au détriment des règles déontologiques. Pour preuve, il avait même pris à son compte la hausse spectaculaire (+ 22 %) des sanctions infligées aux policiers. Signe, selon lui, de la sévérité exemplaire qui s’est appliquée l’année dernière à tous ceux qui ont dérapé. Et non pas, comme on pourrait le penser, d’une hausse tout aussi spectaculaire des comportements délictueux de la police.
Les chiffres de l’IGPN viennent un peu tempérer ce joli tableau. Même si elle ne fait que relater le nombre d’enquêtes menées par la police des polices (et non pas les mises en examen), cette nouvelle hausse reflète clairement des comportements policiers de plus en plus musclés. Ainsi, selon des chiffres publiés par le Monde, le nombre de blessures commises par des policiers et ayant entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) de moins de huit jours, est en forte hausse : 514 contre 471 en 2002. Pour la direction générale de la police nationale (DGPN), cette augmentation est " à mettre en relation avec l’activité globale des services de police " qui a augmenté, elle, de 8,7 % en 2003 par rapport à 2002. En clair, quand la police travaille plus, tous les chiffres augmentent, les bons comme les mauvais.
Laurent Mouloud, L'Humanité
Article paru dans l'édition du 30 janvier 2004